Aménagement du territoire
Trafic actuel (2013) :
Actuellement la voie est empruntée par des trains de marchandises et des trains de voyageurs en faible nombre.
Le trafic marchandise ne consiste plus à transporter le vin du languedoc vers Paris ou le charbon, comme à l’origine, mais à approvisionner en « coils » (bobines de tôle) l’usine Arcelor de Saint-Chély-d’Apcher depuis Fos sur Mer ou Dunkerque (120 000 tonnes par an).
Le trafic voyageurs a diminué ces dernières années en raison de la suppression de nombreux trains (voir ci-joint une comparaison du trafic entre 1974 et 2006). Cette chute du nombre de train est liée à l’ouverture de l’A75 et du manque de volonté de la part de la SNCF et des pouvoirs politiques nationaux de maintenir une activité importante. Un seul train parcours encore la totalité de la ligne Beziers Neussargues (train Aubrac Clermont Ferrand-Béziers) qui a été inscrit en décembre 2010 dans la liste des trains d’aménagement du territoire (TET). Malgré cette reconnaissance de son caractère d’aménageur du territoire, le corail Aubrac reste menacé (voir les événements depuis 2011 sur la page d’accueil)
Les autres trains, en faible nombre, circulant sur cette ligne sont gérés par les régions administratives traversées sans aucune interconnexion entre eux. (voir ci joint la déstructuration de la ligne) – 3 trains Millau-Séverac-Rodez aller retour, gérés par la région Midi-Pyrénées – 2 trains Béziers-Millau (parfois prolongés vers Saint Chély d’Apcher) aller retour, gérés par la région Languedoc Roussillon – 2 trains aller retour Béziers-Bédarieux. Aucun train géré par la région Auvergne (seulement des bus Saint Flour-Neussargues ou Saint Flour-Massiac)
Territoires et déplacements des populations:
Les 277 km de la ligne des Causses traversent des régions du sud du massif central. 4 départements sont traversés : Cantal, Lozère, Aveyron et Hérault. Les 3 premiers situé majoritairement dans le massif central sont des départements peu peuplés, mais après des décennies dominées par l’exode rural, ces départements, en particulier la Lozère et l’Aveyron connaissent un regain démographique lié à l’arrivée de retraités ou de familles plus jeunes souhaitant quitter la ville ou revenir à leurs origines. Ces nouveaux arrivant s’installent majoritairement dans les centres urbains.
Malgré la faiblesse démographique globale des territoires traversés, la majorité de la population se trouve dans les villes situées le long de la ligne, que ce soient des villes où l’industrie garde un rôle important (Saint Chély D’apcher 5000 habitants) ou des villes d’économie tertiaire telles que Saint Flour (7000 habitants), Marvejols (8000 habitants avec son agglomération) ou Millau (25000 habitants).
Le département de l’Hérault, à l’extrémité sud de la ligne des Causses, se situe sur la cote méditerranéenne le long de l’axe majeur Toulouse/Barcelone – Lyon/Marseille et connaît une forte croissance démographique.
D’un point de vue de la géographie humaine, la ligne des causses est donc un lien entre l’arrière pays languedocien ou l’Auvergne, et les régions dynamiques de la côte méditerranéennes au sud ou les régions du Nord de la France et de l’Europe (dont principalement la région parisienne).
La demande est forte dans les territoires ruraux d’une amélioration des transports publics. Selon un sondage de 2005 (CSA/DATAR), 83% des Français vivant dans les espaces à dominante rurale et dans les communes de moins de 2000 habitants jugent « prioritaire ou important de développer les transports en commun pour se rendre dans les services publics et d’intérêt général ». Et 68 % d’entre eux estiment nécessaire de maintenir en fonctionnement les petites lignes de train.
De plus les départements ruraux faute de transports publics performants ont le taux de motorisation le plus élevé de France. Leurs habitants sont donc les plus dépendants de ce mode de transport et risquent d’être, par conséquent, les premiers touchés par la hausse des prix des énergies fossiles qui ne fait que commencer. D’où la nécessité de développer les modes de transports doux en zone rural dont le train fait parti.
Territoires et zones d’influence :
territoire régional: les territoires traversés par l’axe ferroviaire font partie de 3 régions administratives et font partie de l’aire d’influence d’une ou plusieurs capitales régionales pour différents services (université, médecin spécialiste, grands hôpitaux, grands commerces …) (voir carte ici) :
Ces métropoles régionales sont :
- Clermont Ferrand, capitale de la région Auvergne, Cette agglomération de près de 300 000 habitants étend son influence sur les territoires situés au Nord de la ligne des causses, dans le Cantal (Neussargues, Saint Flour) mais aussi dans le Nord de la Lozère (saint Chély D’apcher et région de l’Aubrac). Au delà, l’influence s’affaiblit et rentre en compétition avec les aires d’influence de Montpellier ou Toulouse.
- Montpellier, capitale de la région Languedoc Roussillon de 400 000 habitants (agglomération), voit son aire d’influence sur le reste des territoires traversés par la ligne, en Languedoc Roussillon (Lozère, Hérault) mais aussi dans le département de l’Aveyron ou l’aire d’influence rentre en compétition avec celle de Toulouse. Le centre de la sphère d’influence de Montpellier peut être élargi à l’ensemble de l’axe méditerranéen de Nimes à Perpignan.
- Toulouse, capitale de la région Midi-Pyrénées est la plus grande des 3 capitales régionales (agglomération de 900 000 habitants) mais aussi la plus éloignée. cet éloignement limite son aire d’influence à l’Aveyron situé en Midi Pyrénées tout en étant fortement concurrencée par celle de Montpellier, plus proche.
Ces zones d’influence permettent de dresser une première approche des déplacements des populations des territoires situés le long de la ligne vers les capitales régionales dans le cadre de déplacements principalement domicile – études mais aussi pour les loisirs (déplacements familiaux, commerce ou tourisme). La ligne ferroviaire a un rôle à jouer dans ces déplacement de type régionaux. Exemple :
Saint Flour/Saint Chély <=> Clermont Ferrand
Saint-Chély/Marvejols/Millau/Bédarieux <=> Montpellier/Nimes/Béziers/Perpignan
Millau/Séverac <=> Toulouse
Les TER actuels, gérés par les régions répondent en partie mais très imparfaitement à ces types de déplacements. Imparfaitement car les fréquences actuelles sont faibles donc peu attractives, elle sont même, de plus en plus souvent remplacées par des bus (Saint Flour <=> Clermont-Ferrand ou Millau <=> Montpellier). Imparfaitement car les zones d’influence des 3 capitales régionales s’étendent souvent au delà des limites administratives des régions. Or, les dessertes actuelles ne permettent pas ou peu des déplacements vers les autres capitales régionales que celle où se trouve le territoire desservi. Par exemple, il est difficile voire impossible de faire les trajets suivants en transport en commun : Marvejols <=> Toulouse ou Millau <=> Clermont Ferrand. L’approche uniquement centrée sur les régions des TER sur cette ligne a ses limites. Une coopération entre les 3 régions est donc nécessaire.
territoire départemental, les territoires traversés font parti de départements. les préfectures (ou éventuellement sous-préfectures) de ses départements, plus petites que les capitales régionales, exercent aussi une influence générant des déplacements. Contrairement aux déplacements vers les capitales régionales, ceux-ci peuvent être quotidiens et concernent des déplacement de types : domicile études (collèges, lycées, enseignement supérieur), domicile travail ou domicile loisirs/commerce.
Dans le cantal, il s’agit de trajets tels que Saint-Flour <=> Aurillac, En Lozère Saint Chély/Marvejols <=> Mende, dans l’Aveyron : Millau/Séverac <=> Rodez ou Saint Georges/Saint Rome/Séverac <=> Millau, Dans l’Hérault : Bédarieux/Le bousquet d’Orb <=> Béziers
La ligne Béziers-Neussargues en lien avec ses lignes affluentes a un rôle à jouer dans ces déplacements du quotidien mais l’offre actuelle reste très insuffisante et comme dans le point précédent ne permet pas de répondre à une demande de déplacements extra-départementaux tels que Saint-Chély <=> Aurillac, Millau <=> Mende ou Marvejols <=> Rodez.
Une offre plus étoffées et adaptées permettrait de donner aux populations des possibilités de transport en commun de qualité pour les déplacements quotidiens. Par exemple des trains directs Saint Flour/saint Chély <=> Aurillac le matin et en fin d’après midi, l’amélioration des désertes Rodez <=> Millau/séverac avec de nouveaux arrêts entre séverac et Rodez, Saint Chély <=> Mende ou encore le renforcement des dessertes pendulaires autour de Millau (de/vers Séverac, Aguessac, Saint Georges, Saint Rome de Cernon ou Roquefort).
Ouverture des territoires vers l’extérieur
Les populations des territoires traversés ont également besoin d’être reliés au reste de la France (voire de l’Europe). C’est d’une part, une question d’équité vis à vis des autres territoires français mais aussi une façon de favoriser le développement économique et d’ouvrir ces territoires aux autres.
Par conséquent, ces territoires ont besoin d’être reliés au nord (région parisienne et au delà vers l’Europe du nord), au Sud (ensemble méditerranéen de Marseille à Barcelone et au delà vers l’Espagne et l’Italie), à l’Est (vallée du Rhone et au delà la Suisse et l’Allemagne), et à l’Ouest (façade Atlantique de la Bretagne au Pays Basque et au delà vers l’Espagne). Ceci est valable pour le trafic voyageur mais aussi pour le trafic marchandise.
Ces déplacements de voyageurs concernent essentiellement des déplacements de type loisir (déplacements familiaux ou tourisme) mais il existe une part non négligeable de déplacements domicile <=> Etudes.
Or la desserte actuelle de la ligne des Causses est très loin de répondre aux demandes de déplacement inter-régionaux. La seule desserte existante est le train Aubrac (Clermont Ferrand – Béziers) menacé depuis plusieurs années. Le train de nuit Paris – Béziers n’existe plus et le train de jour voit sa desserte limitée au trajet Clermont-Ferrand – Béziers. Il est très difficile de relier Lyon, Bordeaux ou Nantes.
Il existe donc de sérieuses possibilités de développement des trains pour ouvrir les territoires vers l’extérieur.
1) Vers Clermont-Ferrand et au delà vers Paris/Lyon/Nantes par la création de nouveaux trains directs de/vers Clermont-Ferrand en correspondance de/vers Paris/Lyon ou Nantes.
2) Vers Béziers et au delà vers Marseille/Barcelone/Lyon/Toulouse par la création de correspondances à Béziers ou Perpignan vers ces destinations. En particulier, il faut se rappeler qu’en 2013 Barcelone sera à moins de 2 heures de Béziers. La ligne des Causses pourra être une ouverture vers l’Espagne (nouveaux trains envisageables Rodez/Mende Perpignan)
3) Vers Brive et Toulouse et au delà vers Bordeaux/Bilbao par le développement de liaisons Millau <=> Brive/Toulouse ou Saint Flour <=> Brive (via Aurillac) ou encore le prolongement du train de nuit Paris Rodez vers Millau.
Ligne ferroviaire / Autoroute A75
L’autoroute A75 ouverte dans les années 2000 offre des temps de trajet en voiture et une ouverture des territoires (Lozère, Cantal, Aveyron) en nette amélioration par rapport au train. Cette nette amélioration des performances est utilisée comme argument par la SNCF/RFF ou certains acteurs politiques (nationaux ou régionaux) pour négliger la voie ferrée, voire la fermer.
Or cet argument est fallacieux dans le sens où, en France, la plupart des autoroutes sont parallèles à des lignes ferroviaires et sont complémentaires. L’autoroute permet de fixer plus facilement les populations sur place, mais les lignes ferroviaires permettent à ces populations de trouver des transports collectifs plus attractifs que le bus, considéré pour la plupart des voyageurs, comme moins confortable, plus soumis aux aléas de la météo ou de la circulation. Il ne faut pas oublier qu’un bus roule moins vite qu’une voiture et s’arrête plus souvent. Par conséquent le remplacement des trains par des bus ne permettrait pas d’amélioration sensible du temps de trajets sur la section Béziers – Clermont-Ferrand mais soumettrait les voyageurs à une qualité de transport amoindrie (horaires plus approximatifs, aléa météo, aléa de la circulation …) . Des études de la FNAUT montrent que le transfert du train vers le bus se fait au prix d’un transfert du train vers la voiture individuelle, ce qui est contraire aux objectifs de transfert modal de la majorité des pouvoirs publiques.
Qui plus est, en raison de la raréfaction des carburants ou du moins l’augmentation prévisible de leur prix, la présence d’une ligne ferroviaire, qui plus est électrifiée, est un atout précieux pour les déplacements dans les territoires situés le long de la ligne Béziers – Neussargues.
Enfin, autre argument en faveur du développement de l’axe ferroviaire Clermont-Ferrand – Béziers : Même si le temps de trajet en voiture individuelle est plus court vers Clermont-Ferrand ou Béziers au départ des territoires lozériens ou aveyronnais, il est important de noter qu’au delà de Clermont-Ferrand vers Paris ou au delà de Béziers vers Barcelone (en 2012), Lyon, Marseille ou Paris, le train est plus rapide que la voiture. Par conséquent tout ou partie du temps perdu sur la ligne Béziers-Neussargues est rattrapé dans la suite du trajet.
En conclusion, L’autoroute a permis de fixer les populations dans les territoires du sud massif central mais n’a pas vocation à être le seul vecteur de déplacement pour les populations concernées. La suppression de tout mode de transport alternatif aux transports routiers serait un frein au regain de vitalité (fragile) que l’autoroute A75 a pu apporté à ces territoires durant une époque très favorable aux transports routiers mais qui est en passe de se terminer.
Liste des gares actuellement désservies :
Neussargues
Saint Flour Chaude Aigues
Saint Chély d’Apcher
Aumont Aubrac
Marvejols
Banassac la Canourgue
Campagnac Saint Geniez
Severac le Chateau
Millau
Saint Georges de Luzençon
Saint Rome de Cernon
Tournemire Roquefort
Monpaon
Ceilhes Roquedongue
Le bouquet d’Orb
Bédarieux
Magalas
Beziers
2 commentaires »
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Bonjour
je trouve que votre article est très bien écrit, et présente bien la réalité sur la ligne des Causses.
bravo pour ce blog complet et présentant bien l’actualité de la ligne ..
Bonjour,
Peut-être serait-il souhaitable de se concentrer sur ce qui pourrait être réaliste à court terme pour un coût raisonnable : pour 30 à 40 Millions d’euros on peut refaire la voie entre Rodez et Millau. Avec 20 millions supplémentaires on fait Séverac Le Monastier et avec 10 Millions Le Monastier Mende Pourquoi ne pas penser à des liaisons cadencées Rodez Millau et Millau Mende avec correspondance à Séverac (si nécessaire).Ceci afin de renforcer la « métropolisation » de Rodez seul ville de la région dont la population croît fortement (et cela va durer en raison de son poids économique et de la prospérité de son secteur industriel et informatique). Il est vraiment dommage de voir Rodez comme un cul-de-sac ferroviaire…et ni aucune liaison avec Mende…Il serait vraiment nécessaire que les régions MP et Languedoc co-opèrent sans attendre l’état qui ne pense qu’aux LGV et ne s’intéresse pas au reste du territoire.
Tout cela pour beaucoup moins cher que nos routes et autoroutes ! Regardz combien le conseil général de l’Aveyron a investi sur les routes ces dernières années (déviation de Pont-de-Salars, déviation de Curlande…) et les prochaines dépenses folles à venir …rocade de Saint-Mayme, déviation d’Espalion, côte d’Hymes, et je ne parle pas du doublement de la RN88 entre Rodez et Albi qui est normalement du ressort de l’état. L’argent existe mais nécessite une volonté politique et une vision d’avenir hélas gravement défaillante ! On le voit bien.
Merci pour votre blog bien fait.
En espérant que mes commentaires intéresseront ceux qui aiment le sud du Massif Central et souhaite son développement de manière harmonieuse !