Perspectives d’avenir
La ligne des Causses est sérieusement menacée :
2009 : rapport de l’ADIMAC (Association pour le développement économique et industriel du Massif central) préconisant la fermeture de la ligne entre Saint Chély d’Apcher et Bédarieux, ainsi que 2 lignes adjacentes (Rodez-Séverac le Chateau et Mende-Le Monastier). rapport de l’ADIMAC sur les Transports, déplacements et communications pour le Massif central
Voici une carte contenant les propositions de l’ADIMAC et ses conséquences : un désert ferroviaire.
septembre 2010 : menaces de RFF sur l’avenir de nombreuses lignes secondaires.
janvier 2010 : malgré l’inscription du corail Clermont Ferrand Beziers parmi les trains d’équilibre du territoire, la SNCF menace de remplacer partiellement le train par un bus à partir de mars 2011, contrairement aux déclarations de Guillaume Pépy (président de la SNCF) qui promettait un retour au train direct en décembre 2010.
l’Etat, après avoir abandonné la modernisation de la ligne en 2002 (au changement de majorité politique) semble chercher le pourrissement avec un service voyageur de plus en plus inadapté et en entretenant la voie au minimum. Le but étant de pouvoir fermer la ligne à court ou moyen terme.
La modernisation de la ligne, telle qu’elle fut commencée puis abandonnée au début des année 2000, coute 10 à 20 fois moins cher par kilomètre que la construction d’un kilomètre de voie nouvelle. Mais le gouvernement dans son dogme libéral préfère donner des milliard d’euros à des entreprises privées dans le cadre de partenariats public/privé pour construire des lignes à grandes vitesses sur les quelques axes rentables du pays qui rempliront les caisses des multinationales exploitantes des LGV. C’est l’antithèse totale d’une politique équilibrée d’aménagement du territoire au bénéfice de l’ensemble des citoyens du pays.
Or, il existe des solutions pour développer cette ligne :
La géographie nous montre que la ligne des Causses relie le nord de la France à la Catalogne. Par conséquent, le trafic marchandise ainsi que le trafic voyageurs disposent de potentialités de développement, bien que les problématiques soient différentes :
Pour le trafic marchandise, les problématiques sont :
- relier le nord de la France à l’Espagne,
- fournir un débouché aux marchandises produites dans les territoires desservis (Lozère, Aveyron, Cantal, Hauts Cantons de l’Hérault).
- fournir aux populations de ces territoires des marchandises produites ailleurs.
Pour la première problématique, l’axe ferroviaire Paris Clermont-Ferrand Béziers est une alternative à l’A75 et à l’axe ferroviaire saturé via Lyon. La ligne nouvelle Fret entre Perpignan et Figueras va accroitre le trafic sur l’axe méditerranéen et la vallée du Rhône. La ligne des Causses pourrait être une alternative évitant des camions supplémentaires sur les autoroutes, notamment l’A75 qui voit défiler une noria de camions remontants ou descendants d’Espagne avec son lot de dommage pour les populations et l’environnement qui ne profitent en rien de ce passage de camions. Les vallées du massif central traversées par l’A75 vont rejoindre, à ce rythme, le « club » des vallées hautement polluées dont font partie nombre de vallées alpines. La liaison Béziers-Clermont Fd est donc une alternative écologique.
Pour les 2ème et 3ème problématiques, il est nécessaire, en premier lieu, que les gouvernements futurs, l’union européenne et la SNCF reviennent sur une politique de suppression des wagons isolés qui ne fait que mettre toujours plus de camions sur le routes. D’autre part, le débouché naturel des productions du massif central à l’exportation étant le port de Sète, la modernisation du port doit être engagé avec un renforcement du débouché ferroviaire de celui ci.
Pour le trafic voyageur, la problématique est différente, le but principal n’est pas de relier le nord de la France à Perpignan et Barcelone, elle est de désenclaver une région disposant de peu de transports en commun performants. Il s’agit de relier les régions de Saint Flour, Millau, Marvejols, Saint Chély d’Apcher à la côte méditerranéenne d’un coté et au Nord de la France de l’autre, mais aussi de relier les territoires entre eux. Et, grâce aux lignes adjacentes, il s’agit de relier des villes non situées sur la ligne mais pouvant l’utiliser (exemple Rodez-Béziers, Mende-Clermont Ferrand, Toulouse-Millau, Saint Flour-Aurillac).
Bien que la problématique soit principalement locale, il ne faut pas oublier que cet axe peut servir d’itinéraire bis à la liaison Paris-Béziers-Catalogne via la vallée du Rhone, soit pour des raisons touristiques, la ligne traversant des régions particulièrement intéressantes, soit pour des raisons de ruptures temporaires des liaisons dans la vallée du Rhône.
En 2013 Béziers sera à 1h45 de Barcelone, par conséquent en gardant les temps de trajet actuel, Millau serait à 3h45 de Barcelone (Ville de 4 millions d’habitants) (voir carte). Le train pourrait être un facteur de développement pour toute une région en regain démographique fragile. A l’inverse, le transfert du train vers les bus, se fera (se fait déjà) au prix d’un transfert vers la voiture individuelle (les études de la FNAUT le montre). Par conséquent, à une époque ou le prix de l’essence monte et continuera de monter, l’absence de transport ferroviaire sera un frein au développement du sud du Massif Central et un nouvel abandon de populations jugées « non rentables » qui n’auront le choix qu’entre un service public « croupion » de bus (jusqu’à ce qu’eux mêmes soient jugés non rentables) et leur voiture individuelle dont le cout sera de plus en plus élevé. L’avenir de cette ligne s’inscrit donc dans un vrai choix de société.
Et pourquoi pas la première ligne certifiée zéro carbone, zéro nucléaire ?
La ligne des causses est alimentée en 1500 Volt continue. Certains, il y quelques années avait proposé de désélectrifier cette ligne pour des raisons de coût d’entretien. Finalement ce projet a été abandonné, principalement en raison du coût de cette désélectrification. A l’heure où l’objectif à long terme est de sortir du tout énergie fossile, il serait absurde de désélectrifier une ligne de plus de 277 km. Au contraire, la ligne des Causses pourrait devenir un laboratoire des énergies renouvelables dans les transports. L’énergie nécessaire à l’alimentation électrique de la ligne des Causses pourrait se faire via des sources d’énergie renouvelables très présentes sur ces territoires :
- Le soleil très présent au sud de la ligne pourrait alimenter la ligne grâce au photovoltaïque. Des exemples existent en Belgique.
- La géothermie présente au Nord volcanique, dans la région de Saint Flour et Chaudes Aigues.
- L’hydroélectricité, dont le potentiel est fort dans cette région montagneuse.
- L’éolien qui pourrait se développer dans ces régions sur les plateaux faiblement peuplés
-
La biomasse (à base des déchets végétaux). Cette source d’énergie pourrait fournir grâce à des centrales de cogénération, de l’électricité pour la ligne des Causses et du biogaz pour les trains des lignes convergentes (Rodez-Millau ou Mende-Marvejols). Un exemple de train au biogaz existe en Suède.
Bien sûr, ces nouvelles sources d’énergie ne concerneraient pas que la ligne des Causses mais tous les territoires traversés en fournissant à la population une énergie propre et des emplois locaux et non délocalisables. La ligne des Causses deviendrait pour la population, non seulement, un mode de déplacement non polluant mais aussi une source de d’emplois supplémentaires (en plus des cheminots). Ainsi, ce projet, pourrait s’inscrire dans une volonté de gestion durable des ressources. La lignes des causses ne serait plus vu comme une ligne « d’arriérés » mais bien comme un laboratoire pour une économie qui redevient proche du citoyen et au service de ce dernier.
2 commentaires »
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Madame, Monsieur,
Je pense que l’avenir de la ligne des causses passe par le rétablissement d’un train de nuit reliant les Gorges du Tarn à Paris. En effet, même par l’autoroute et le TGV, le voyage depuis le nord de la France demeure très long. Les parisiens ou les visiteurs étrangers ne peuvent se rendre en Lozere pour un week-end, ce qui est préjudiciable aux activités touristiques de la région.
La suppression brutale du train de nuit, il y a une dizaine d’années, est une erreur. Elle se justifiait par la vétusté du matériel roulant et son manque de fiabilité. Notons tout de même que sa circulation était quotidienne et que le train était souvent complet en période de vacances scolaires.
Le train Rodez-Paris, qui a été rénové à la même période, connait toujours une très bonne fréquentation.
Une solution aurait pu consister en une circulation alterné (1 sens chaque soir), soit 3 aller-retour par semaine entre Pâques et la Toussaint avec un seul train rénové.
Plutôt qu’investir dans des automoteurs TER peu fréquentés, la région ferait mieux d’investir dans un train de nuit de qualité, à ses couleurs, avec une offre touristique à l’adresse des groupes (tour operators, retraités, pélerins de St Jaques, clubs de rando, scouts , colos…) , qui assurerait une vrai mission de service public et revitaliserait les activités touristiques. Je suis persuadé qu’un tel train trouverait son public sans difficulté.
Aujourd’hui, les groupes venant dans la région n’utilisent plus le train car il n’est plus direct depuis Paris.
Pourquoi ne pas faire de la ligne des causses, avec son paysage remarquable une porte d’entrée dans la région ?
Bonsoir,
Tout à fait d’accord avec l’analyse de M. Espinasse:
un seul train suffirait chaque week-end en période creuse,
MAIS, il faudrait qu’il n’y ait PLUS DE GREVE
(soit disant pour défendre la ligne !)
mais chaque « arrêt de travail d’une certaine, etc. »
entraine l’achat d’une voiture et une fois qu’on l’a
il faut l’ »amortir » et . . . on ne prend plus le train
Salutations ferroviaires
Tef TRAVAPEUR